Hush Hush

Hello !

Mad Men vient de s’achever avec les derniers épisodes dévoilés il y a quelques semaines et je dois dire que j’ai été plus que déçue. J’ai été une spectatrice assidue de la série que je trouve exceptionnelle autant par la qualité d’écriture que par le souci du détail lié au contexte historique de la série. Mais tout au long de ces 7 saisons, quelque chose m’a révolté : la maltraitance faite sur Ken Cosgrove. Ken est un personnage secondaire de la série présent depuis le début. Un personnage très sympathique, humain, empathique et brillant. Pourtant tout au long des épisodes, il ne cesse de ramasser pour les autres ou par malchance. Alors aujourd’hui je m’offusque et crie à l’injustice. Pour illustrer mon propos, voici quelques exemples :

1)    La publication dans The Atlantic Monthly

Durant les premières saisons, Ken est un jeune chef de publicité responsable de certains comptes de Sterling Cooper au même titre que Pete Campbell mais beaucoup moins pédant et arriviste que lui. Garçon modeste et discret, il est néanmoins très fière que sa nouvelle a été publié au sein du Atlantic Monthly. Première déconvenue. Ken se fait maltraité et moqué par ses collègues surtout Pete, jaloux de son talent et de cette petite notoriété littéraire. Franchement Ken c’est le mec sympa. Vraiment. Au début on ne prête par forcément attention à lui puisque c’est surtout Pete le chef de la basse cour de la jeune équipe. Pas New Yorkais de base, il passe pour un mec assez lisse, à première vue, face au prestigieux Pete, son splendide mariage et sa puissante famille. Lors des premières saisons, Ken fait tout pour être un mec cool et aime son job. Il aime bien dragué aussi et contrairement à ses collègues, il a le mérite d’être célibataire. Très apprécié de ses clients, il se voit gratifier de leur reconnaissance verbalement mais quelque fois matériellement, ce qui nous amène au point suivant

2)    L’affaire de la tondeuse

Lors de cette terrible affaire, nous sommes toujours dans les premiers locaux de Sterling Cooper (saison 3). Lors du rachat de l’agence par Putnam, Powell and Lowe, les nouveaux dirigeants font une visite surprise de l’agence notamment l’étoile montante de PPL, Guy MacKendrick, jeune commercial ambitieux. Le même jour de leur visite, Ken Cosgrove remporte la campagne d’un fabricant de tondeuse à gazon. Pour célébrer sa réussite, il arrive fièrement au sein de l’agence à bord de l’engin. L’open space des secrétaires s’agite autour de Ken et de la tondeuse. L’une d’entre elle monte sur la tondeuse et commence à arpenter la pièce sous le regard amusé de tout le personnel de l’agence. Soudain, elle perd le contrôle de l’appareil, qui roule sur le pied de Guy MacKendrick mettant fin à cette partie de son anatomie et à sa prometteuse carrière. Certes, Ken n’est pas à proprement parlé responsable de cet accident mais il est celui qui a apporté là tondeuse. Pourquoi lui ? Pourquoi associer cette tragédie à son nom ? A croire que chacune de ses réussites doit être contrebalancée par une moquerie ou un drame. A ce moment là j’ai eu peur qu’il se fasse virer. J’ai été naïve puisque ça été pire.

3)    Abandonné par Sterling Cooper - Part I

Fin de la saison 3. Pour ne plus être sous la direction de PPL, Don a une super idée (on reparlera de ce personnage) : créer une nouvelle agence avec l’association de Lane Pryce, malheureux collaborateur maltraité de PPL (Ken ?). Mais pour que la création soit un succès, la constitution de la nouvelle équipe doit être discrète et épurée. De ce fait, Ken est mis sur le carreau au profit de Pete Campbell qui a su se placer au bon moment et grâce à l’appui de son beau père qui reste client de la nouvelle agence. Rappelons qu’à ce moment là, le talent de Ken est enfin reconnu puisqu’il est nommé Directeur de Clientèle à titre égal de Pete puis en fin de saison, nommé au dessus de lui. Alors hein ? Quelle conclusion en tirer ? Voilà. Donc Ken se retrouve embaucher chez McCann Erickson. Mais comme chez SCDP on ne sait jamais ce qu’on veut mais on sait surtout qu’il est bon de se faire plus d’argent, on se souvient de Ken, qui n’a qu’une envie : celle de quitter McCann et revenir chez ses anciens bourreaux. C’est donc fringant qu’il revient la bouche en cœur. Réjouissez vous de ce retour car c’est pour mieux le brutaliser.

4)    Perte de l’œil droit

Saison 6. Le gros client à choper, c’est Chevrolet. Toutes les courbettes sont faites pour satisfaire le géant automobile. Et qui est envoyé au front ? Oui voilà, vous avez compris. Ce brave Ken accompagne les dirigeants de Chevrolet lors d’une partie de chasse. Il y a mieux pour se distraire, mais je pense que même si ça avait du golf ou une partie de polo, Ken était destiné à y laisser un peu de lui. C’est comme ça. Et c’est donc dans ce maudit épisode 12 que Ken subit les affres des auteurs : il perd son œil droit et se voit contraint de porter un bandeau. Pour moi, on avait atteint le point culminant de la violence faite sur Ken. Comment ce mec dévoué, hyper sympa, professionnel pouvait il être à ce point brutaliser quand Don Draper naviguant de femme en femme ne chope même pas une MST ? Bon après, on peut se consoler comme on peut en se disant que ça lui donne un petit style de canaille, mais même pas ! A ce stade, on se dit que le pire est arrivé (quoiqu’on en vienne à se demander si l’apothéose de cette violence ne serait pas la mort de Ken carrément). Pensez vous ! la partie n’est pas terminée et les auteurs n’en ont pas fini avec lui.

5)    Abandonné par Sterling Cooper & Partners - Part II

Saison 7. Dernier acte. L’agence SC&P est rachetée par McCann. Ken est viré pour la seconde fois suite à un conflit d’intérêt par Roger Sterling à la demande de Ferg Donnelly, ponte de McCann. Viré, comme ça. Voilà la fin de Ken dans l’agence à qui il a consacré son énergie, sa dévotion et son professionnalisme. Honnêtement je ne l’ai pas vu venir. Je me suis dis qu’il était sauvé, puisque j’attendais sa mort à tout moment. Non du tout, ça aurait obligé les auteurs à lui consacrer un moment d’émotion, une séquence en sa mémoire. C’était déjà trop. Non viré, purement et simplement. Un dernier acte implacable et malhonnête.

6)    Revanche et justice

Maiiiiiiis les scénaristes se sont peut être rendu compte (au bout de 7 saisons) qu’ils y sont allés un peu fort et qu’il serait bon de rendre justice à Ken Cosgrove. Ainsi, ils offrent à Ken une porte de sortie plutôt classe. Lors d’une discussion avec sa femme, celle ci l’encourage à quitter l’agence et revenir à son premier amour : écrire. Une idée que Ken a déjà en tête depuis un moment semble t il. COMME PAR HASARD, il est viré le lendemain. Lors d’une magouille scénaristique où Draper croise Ken, celui ci lui annonce son renvoie et lui précise qu’il est ravi. L’acte I de la revanche de Ken se termine ici. L’acte II intervient à la fin de la saison quand dans un ultime (dés)espoir, les cinq dirigeants de SC&P décident de faire un pied de nez à McCann en créant une entité SC&P West (encore une incroyable idée de Don). Oui puisque McCann a décidé de fusionner l’agence avec la leur définitivement. De ce fait, ils ne peuvent posséder des comptes ayant le même domaine d’activité. C’est sur cette petite faille que ce brave Don se rue pour proposer cette nouvelle agence. Ils parviennent à extraire 5 comptes dont celui du beau-père de Ken. Mais celui ci ayant pris sa retraite, c’est Ken qui est devenu le nouveau directeur de la publicité pour la marque. C’est donc avec appréhension que Roger et Pete demandent un entretien auprès de Ken pour lui demander à ce que sa marque reste cliente de SC&P. Pour la première fois, Ken est puissant et dominant. Et pour la première fois, il leur dit non. Sept saisons, mais ça valait le coup d’attendre car c’est Ken qui s’en sortira le mieux. Justice a été rendue, merci pour Ken !

Love you too Ken !